La première étape pour Tjeerd consiste à dessiner l’esquisse général de l’écu et du cimier au crayon. Puis le trait est affirmé à l’encre avant d’être affiné. Le dessin est ensuite colorisé puis ombré et les lambrequins caractéristiques des armoiries dessinées par Tjeerd sont ajoutés. Caractéristiques car ils donnent une forme très rectangulaire à l’ensemble; cette forme tient au fait que ces lambrequins ont d’abord été utilisés pour réaliser des ex-libris.

Armoiries réalisées en mars 2023.

Tjeerd Dolstra a plusieurs cordes stylistiques à son arc. C’est ainsi qu’il a développé un style inspiré de celui d’Adolf Matthias Hildebrandt (1844-1918), peintre héraldiste saxon qui illustra le Wappenbuch des Westfälischen Adels (armorial des familles nobles de Wesphalie) publié au tout début des années 1900 par le généalogiste et héraldiste Max von Spiessen (1852-1921). Fondateur de la revue ExLibris et rédacteur en chef du journal Deutscher Herold, d’Adolf Matthias Hildebrandt est surtout connu pour son style héraldique d’inspiration gothique, à base de motifs floraux et de heaumes à plume assez caractéristiques (mais pas repris par Tjeerd).

Si l’inspiration vient d’Adolf Matthias Hildebrandt, la réalisation contemporaine (avril 2023) est bien de Tjeerd Dolstra qui a repris des éléments d’origine tout en les recombinant différemment. C’est ainsi que si l’écu, le heaume et le lambrequin sont directement numérisés à partir de l’écu dit Laddsberg I, les charges et le cimier, sont issu d’autres dessins de l’armorial. Seule la sphère armillaire ne provient pas de l’armorial (il faut croire que la noblesse westphalienne n’utilise pas trop cet emblème).

On peut observer dans le pas à pas ci-dessus que Tjeerd a décidé de changer la tête de loup du cimier après avoir réalisé l’esquisse initiale au trait. Et il a rajouté une très discrète crois de Toulouse sur le grand heaume.

Popularisé par l’artiste tchèque Miroslav Pavlů, le style héraldique municipale tchèque est caractérisé par le recours à des couleurs vivres, des ombres portées sombres et des charges stylisées, minimalistes, exagérées et géométriques dotées de peu ou pas de contour.

En réinterprétant ce style si caractéristique pour l’écu familial en juin 2024, Tjeerd a ajouté des éléments de bruit et de texture afin de donner une impression d’imprimé au dessin.

De manière générale, ce style est très reconnaissable et fonctionne particulièrement bien avec les armoiries comportant des charges animalières.

En avril 2024, Tjeerd s’est amusé à tenter de reproduire le style d’un des différents « bucket shops », probablement le plus connu (House of names, NDLR), qui propose de vendre des « blasons familiaux » au grand public, associant tous les noms de famille à un blason spécifique. Ces blasons sont généralement de mauvaise qualité, utilisant souvent des éléments gratuits provenant de wikipedia ou de heraldicart.org, tracés avec un trait très fin et en basse résolution. Les charges sont souvent de taille étrange ou disjointes et les couleurs sont trop saturées, peu ou pas ombrées Au final, il s’agit d'un style très reconnaissable qui se prête bien à la parodie.

Timbre héraldique réalisé en 4 temps par Tjeerd : d’abord une esquisse dessinée à la main dans un cadre déjà existant, puis passage à l’encre, mise en couleurs et enfin ajout de textures et d’effets.